F. Brunet (UB 87) : « Nous n’accepterons pas indéfiniment d’être interdits de déplacements pour un oui ou pour un non »

Pour compléter nos retranscriptions faites hier, et toujours à partir du podcast de l’émission « 100% Supporters », dont il était l’invité récemment, voilà l’opinion de Florian Brunet, une des figures principales des Ultramarines Bordeaux 87, à propos de la répression qui frappe, toujours plus durement, tous les supporters de football en France, et les groupes ultras en particulier.
« Pendant l’état d’urgence, juste après les attentats de novembre à Paris, on a été privés de déplacements, comme tout le monde… Puis on l’a aussi été à Nantes fin janvier pour un prétexte de maintien de l’ordre public. Le même que toutes les autres interdictions de déplacements partout en France. Lors de cette année pré Euro 2016 en France, on a voulu éviter le moindre incident, pour l’image, et j’ai un petit espoir que ça se détende après l’Euro, petit à petit. En tout cas, cette année, il est clair que la répression a été maximale. Pour le match à Nantes, ils savaient quand même aussi qu’on n’est pas amis avec les Nantais, ça les a motivés. De part et d’autres, les Lensois, les Nantais, les Parisiens, il y a quand même encore parfois des petits déplacements qui sont faits, cela montre aux gens qui prennent les décisions de nous interdire de déplacement qu’il y a un côté pervers et que ce n’est pas tenable sur le long terme.

De toute façon, même si là le niveau est maximal, les ultras sont combattus depuis des décennies. Nous, on lutte localement pour exister et on a essayé de le faire au niveau au dessus avec la Coordination Nationale des Ultras, mais le succès a été assez modéré. Aujourd’hui, l’Association Nationale des Supporters reprend le flambeau et le fait plutôt pas trop mal en attaquant sur le terrain juridique et par du lobby politique en allant dans les arcanes du pouvoir. A l’Assemblée Nationale, par exemple, l’ANS avait réussi à amener des questions par l’intermédiaire de Marie-George Buffet. Aussi, la sensibilisation faite auprès des Écologistes ou bien d’autres partis politique a permis que des amendements soient proposés par rapport au texte de loi de Guillaume Larrivé sur la sécurité et les supporters. Mais ce n’est pas pour ça que cette loi reste acceptable… Et pour en revenir au rapport de force général, bien entendu que nous n’accepterons pas indéfiniment d’être interdits de déplacements pour un oui ou pour un non, comme les autres supporters, et on se déplacera par nos propres moyens à un moment donné.

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L’ANS on n’en fait pas partie, car on avait été parmi les leaders de la CNU dans les années 2000, en s’investissant beaucoup en termes d’énergie, mais que le mouvement ultra n’était peut-être pas assez mature à ce moment pour accepter certaines choses. Le monde de la communication n’était pas le même à cette époque, des outils comme Twitter n’étaient pas utilisés. On avait été un peu échaudé par tout ça, on s’est beaucoup fait railler et tirer dans les pattes, ça a été très dur de fédérer tout le monde… et pourtant, on avait fait du bon boulot car il y avait eu des réunions avec Rama Yade (ex secrétaire d’Etat chargée des Sports), une conférence où, avec les Niçois et les Marseillais, nous étions montés au créneau. Ce qui était intéressant c’est qu’on avait réussi à fédérer les tribunes majeures : Paris, Marseille, Saint-Étienne, Lyon, Bordeaux, Nantes. Entre nous, il y avait eu des réunions de haute volée, car nous étions parvenus à réunir quasiment tous les leaders de France, à 50 ou 60. C’était constructif, ordonné, mais finalement la fierté de chacun avait pris le dessus, les inimitiés et rivalités des uns et des autres avaient empêché que cela aille plus loin.

Du coup, concernant l’ANS, ce n’est pas qu’on est sur la défensive, mais on n’a pas sauté dessus et on reste plus en retrait. Puis l’ANS, avec tout le respect que j’ai pour eux, ils ont fait une petite erreur stratégique au départ, celle de ne pas contacter les principaux leaders de la CNU. Ils auraient dû identifier exactement les personnes qui s’étaient vraiment investies dans la CNU, les appeler les uns après les autres et leur dire qu’ils étaient conscients et respectaient le boulot qui avait été fait et qu’ils voulaient reprendre le flambeau en faisant telles actons. Je pense que cela aurait été mieux. Mais cela n’a pas été fait. Alors aujourd’hui, on regarde leur travail, d’une manière objective, on trouve qu’ils font de bonnes choses, que c’est intéressant, donc on est prêt à les aider, à les rencontrer, mais en parallèle on reste sur notre première expérience et les Ultramarines ne devraient pas adhérer. Mais ne pas adhérer n’empêche pas d’aider et de s’investir.  Moi, je juge les actes avant de juger les hommes. Là, je ne connais pas les hommes, mais je sais leurs actes. Ils sont pertinents, donc les hommes doivent forcément l’être aussi. En tout cas, on note qu’ils sont extrêmement actifs, que ça leur demande beaucoup de travail d’attaquer en justice les arrêtés préfectoraux d’interdictions de déplacements, parfois jusqu’au Conseil d’État. Un tel investissement il ne peut être fait que par des gens crédibles et des interlocuteurs qui sont à considérer par tout le monde. »