Fargeon : « Un problème d’hommes, je ne sais pas. Un problème d’organisation, très certainement »

Prise de position très marquée de la part de Philippe Fargeon à propos de l’un de ses leitmotivs depuis de longs mois : le turnover et les changements tactiques, trop nombreux à son goût, faits par Willy Sagnol. Lundi soir, sur GOLD, l’ancien attaquant des Girondins à la fin des années 80 a longuement remis en cause cette logique et expliqué pourquoi elle était négative. Une analyse bien construite, que beaucoup partageront sans doute…

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« On s’attendait à autre chose à Reims (défaite 1-4 NLDR). La chance qu’on a, dans cette saison de Ligue 1, c’est que, loin derrière Paris, c’est très très serré car personne n’est vraiment bon sur la durée, donc on peut être troisième assez rapidement. Mais pour cela, il faut savoir gagner ce genre de matches… (…) On se met en déséquilibre car on change encore le système défensif qu’on avait trouvé depuis quelques matches. Je veux bien qu’on ait envie de muscler l’entrejeu, de relancer Sané etc, mais la paire Guilbert – Yambéré fonctionnait a peu près bien et là on va la changer pour la remettre en place ensuite. On a l’impression qu’il y a des tours de magie qui essayent d’être mis en place, mais que ça ne marche pas. Depuis longtemps, je répète que, malgré les blessés et les suspendus, il doit y avoir une vraie ossature. (…) D’autant plus que maintenant on ne joue plus tous les trois jours, donc il y a des semaines entières pour préparer les matches. Il n’y a plus d’excuses de fatigue, de manque de temps pour travailler, de rythme trop élevé.

(…) Quand on prend autant de buts, c’est souvent parce qu’on n’a pas confiance en soi, ou qu’on n’a pas la volonté nécessaire pour reprendre le dessus sur la situation. Tout ça, c’est à l’entraînement qu’il faut l’améliorer, avec le coach, le staff, les partenaires. Quand on prend des valises comme ça, c’est vraiment qu’il y a un problème. Un problème d’hommes, je ne sais pas, je pense qu’on peut quand même avoir une bonne équipe avec ces joueurs là. Un problème d’organisation, très certainement, car quand Willy Sagnol change trois fois de système de jeu dans un match, c’est que ça ne va pas, qu’il s’est trompé au départ, au milieu… Il cherche peut-être des solutions, mais nous en sommes à la 28ème journée. Or, c’est quasiment depuis le début de la saison qu’il cherche des solutions avec des changements en cours de match. Moi, je suis de l’ancienne école, il faut vraiment avoir une ossature et on ne l’a pas. On ne peut pas demander à des joueurs qu’ils se trouvent sur le terrain si à tous les matches ils bougent, sont titulaires, remplaçants, au repos, rejouent, jouent à droite, à gauche, au milieu… Ce n’est pas possible ! Regardez les équipes qui fonctionnent… Il y a parfois des blessés, effectivement, de la concurrence aussi à certains postes, un peu de turnover avec les anciens, mais surtout une vraie ossature qui ne change pas. Là, on fait parfois de la gestion avec des jeunes de 20 ans, alors qu’ils peuvent jouer tous les 3 jours. C’est donc bien qu’il y a un souci, ce n’est pas possible !

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(…) Qu’on veuille s’adapter à chaque match, ça c’est possible, on peut le faire, sur un joueur, un profil, une position, mais pas sur cinq ou six de nos joueurs à chaque fois. On a tous connu des stratégies mises en place selon l’adversaire, en fonction de la forme du moment de nos joueurs et de celle de l’adversaire. On ne se souciait pas que de nous. Mais toutes les adaptations qu’on imaginait avec l’entraîneur, ce n’était pas de changer cinq joueurs… Modifier 4-5 fois le système de jeu dans le match, ce n’est pas possible. On peut jouer à 1 ou 2 attaquants, à 2 ou 3 défenseurs centraux, avec un joueur à un poste plutôt qu’un autre, mais là c’est trop en même temps. On ne comprend plus. Il y a des joueurs qui se découvrent encore, à la 28ème journée, et il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour se rendre compte que certains n’ont pas souvent joué ensemble ou pas assez en étant aux mêmes postes. En fait, le seul point positif c’est les jeunes joueurs qui doivent avoir envie d’être ensemble, et faire ce qu’il faut pour s’imposer. Mais pour cela, ils doivent pouvoir évoluer à un poste précis et défini. Je suis toujours parti du principe qu’il vaut mieux être très bon à une place que correct à plusieurs. Moi, je marquais des buts et je voulais être bon devant, pas ailleurs, car je n’étais pas capable de bien récupérer, de faire des passes décisives. Aujourd’hui, la formation – et pas qu’à Bordeaux -, c’est la polyvalence, le travail sur tous les points pour apporter plus au collectif, mais on ne travaille pas assez les points spécifiques où on peut être individuellement très bon. »