Crivelli : « Ca me fait chier de renvoyer l’image d’un joueur bourrin »

Avant le nouveau très lourd échec bordelais de ce weekend à Reims (1-4), le jeune attaquant bordelais Enzo Crivelli s’est confié dans L’Equipe. Nous vous partageons ici les passages où il parle de sa façon de jouer très musclée et du drame majeur de sa vie, le décès de son père, en 2013.

« Depuis que je suis petit je suis comme ça sur les terrains : je suis un jeu engagé et parfois ça dérape. Des rouges j’en ai pris dans toutes les catégories d’âge… Après je n‘ai jamais blessé personne, car je ne suis pas méchant. Philippe Lucas, l’entraineur des U19 à Bordeaux, m’avait fait prendre des cours de yoga. J’ai aussi vu une psy pendant plusieurs semaines à cette époque. Sur le moment, ça m’a calmé, mais aujourd’hui je ne ressens pas du tout le besoin de faire du yoga ou de voir un psy. Je suis bien comme je suis, je ne changerai jamais. (…) J’arrive quand même à mieux me canaliser sur le terrain. Parfois, j’ai des flashes pendant les matchs, je revis des situations. Par exemple, si je vois un latéral adverse sur le long de la ligne de touche et que j’arrive à pleine vitesse, j’essaie de retenir mon tacle pour ne pas répéter l’action de mon exclusion à Nice. Ça me fait chier de renvoyer l’image d’un joueur bourrin. Après je me dis que les gens qui connaissent le foot savent que ce n’est pas vrai. Et, de toute façon, je ne lis pas ce qu’il se dit sur moi sur les réseaux sociaux

(…) Je me souviens de la mort de mon père. C’était un samedi, pendant ma première année au centre de formation de Bordeaux. On avait eu un entrainement le matin, mais on ne jouait pas le weekend. J’en avais profité pour faire une visite surprise à mes parents, à Antibes. Le soir, ma sœur organisait une soirée. On dansait, dans une salle en bas, quand tout à coup quelqu’un est descendu en hurlant : « Ton père est tombé ! ». Il avait fait un arrêt cardiaque. Quand je suis arrivé, il était déjà décédé… ( Un silence.) Voila, c’était une grosse galère de ma vie, c’est comme ça. (…) Après, j’ai pris une semaine de congés, puis je suis revenu à Bordeaux. J’avais fait une très bonne fin de saison, on avait même gagné la Gambardella. En fait, dans ce genre de situations, c’est trop facile de baisser les bras… Ta mère est là, et si tu lâches, elle peut lâcher aussi. Donc il faut montrer le bon exemple, il n’y a pas d’autres choix. »