Lions sur la « greffe Sagnol » qui « ne prend pas » et « les jeunes plus intéressés par ce qui se passe autour du football »
Lions « Je sais que c’est mal élevé de répondre à une question par une autre question, mais ‘Est-ce que Sagnol était le bon entraineur pour Bordeaux à la base ?’, c’est ça la vraie question pour moi. Lui se projette vers l’avenir posant des questions sur le projet de Bordeaux, maintenir un standing, avec des investissements financiers moindres parce qu’on a recours de plus en plus au centre de formation, avec les inconvénients que cela suppose… Maintenant, force est de constater que la façon de manager de Willy Sagnol, son style très germanique, dans le cocon un peu bordeluche – pas de bruit, pas de vagues, tout est ouaté… -, ça ne prend pas spécialement. »
Patrick Lemoine : « C’est quoi le cocon des Bordelais en fait ? On ne va pas parler des Chartrons et de la grande bourgeoisie, car il n’y a pas vraiment ça dans le vestiaire… A l’époque de Didier Couécou et tout ça, je veux bien, mais là, les joueurs, ils ne sont pas issus de hauts milieux sociaux, donc ils devraient être capables d’entendre la rigueur et le ‘flicage germanique’ voulu par Sagnol. »
Grégory Schneider : « Ce que Bernard veut dire, c’est que Bordeaux est quand même un club qui protège énormément ses joueurs. Le même mec n’aura pas la même pression à Bordeaux qu’à Marseille ou dans certains autres clubs. Bordeaux, c’est confortable, ça paye quand même bien, la soupe est bonne. Donc a toujours l’impression que ça va. Mais au bout du 4ème coach qui dit la même chose, que les joueurs sont dans le confort, il faut quand même se poser des questions… Gillot, notamment l’avait dit et redit.»
Marc Libbra : « Depuis le titre de 2009, le club a fait n’importe quoi. Et Triaud, tous les deux mois, il vient dire qu’il en a marre de son équipe… »
Hervé Penot : « Recentrons le débat sur Sagnol. Ce qui est intéressant, c’est qu’on attendait des choses de lui, qui arrivait avec un discours très offensif. On attendait donc de voir ce qu’il allait faire. C’est la première fois qu’il a une équipe de club sous la main. Et pour l’instant, il n’a pas non plus des résultats catastrophiques. C’est un jeune entraineur, il apprend, il a terminé sixième l’année dernière, là ils sont neuvièmes dans un championnat ultra serré. Il peut encore revenir beaucoup plus haut, et finir 3ème, 4ème ou 5ème à la fin de la saison, ce qui n’est pas mauvais avec l’effectif qu’il a. En perdant Saivet et Khazri au milieu de la saison, ce qui n’est pas non plus un signe d’ambition démentiel de la part du club, Sagnol fait ce qu’il peut. Il faut lui laisser une chance, un peu plus de temps, pour prouver qu’il est capable de bien entraineur au haut niveau. »
Lemoine : « Je me demande si avec ses dernières déclarations il ne s’ouvre pas, tranquillement, un parapluie, l’air de dire que c’est lui qui choisira de partir alors qu’il voudrait plutôt que le club dise qu’il a toute confiance en son entraîneur. »
Lions : « Bien sûr que c’est ce que Sagnol fait. Ce qui est flagrant – J’étais à Bordeaux il y a trois semaines -, c’est que quand tu discutes, dans l’entourage du club, ou même en interne, tu sens que la greffe Sagnol, sa façon de fonctionner, ses choix de joueurs, sa politique de management, ça ne prend pas dans le contexte bordelais. Ça ne veut pas dire du tout que Sagnol est un mauvais entraineur, mais il y a des personnes idoines, à des postes-clés, qui (il est coupé car les autres ne comprennent pas et demandent des explications et des noms)… Les gens qui sont en place, le staff technique, tous n’ont peut-être pas les mêmes identités de jeu. Eric Bedouet, le préparateur physique, avait une unité de vue avec Laurent Blanc, par exemple. Or, ce n’est visiblement pas la même chose avec Willy Sagnol… Mais ça ne fait pas pour autant de Sagnol un mauvais entraineur, et des gens qui sont en place de mauvaises personnes. »
Lemoine : « Donc ce n’est pas le vestiaire, mais les gens autour du club. »
Lions : « Mais si. Parlons-en du vestiaire. Pendant très longtemps, le vestiaire bordelais ça a été un peu la chambre de commerce et d’industrie. Il y en avait un qui avait son salon de coiffure, l’autre son magasin de kebabs, l’autre son restau, l’autre son Foot 5… Quand tu es Sagnol, que tu es un jeune entraineur avec un tempérament de gagneur, et que tu vois des jeunes à qui sont plus intéressés – et c’est la vérité à Bordeaux – par ce qui se passe autour que par le football, car Bordeaux n’est culturellement pas une ville de football, ça peut te heurter. »
Lemoine : « Et bien… Pour conclure je vais dire qu’à partir de deux sujets un peu daubesques, on vient de faire deux vrais débats. »