Battiston : « On a la chance d’avoir des pros qui font confiance aux jeunes et leur donnent une chance »

Le site officiel des Marine et Blanc a publié un entretien en deux parties (une troisième est même à venir) de Patrick Battiston, le directeur du centre de formation des Girondins de Bordeaux et entraîneur principal de la réserve, qui dresse son bilan de mi-saison chez les jeunes.

« Oui je suis absolument satisfait de cette réorganisation qui a eu lieu pour dynamiser le centre et pour donner du crédit et axer le travail sur la préformation. C’est très important d’avoir des acquisitions assez tôt. Cela concerne les 14, 15 et 16 ans et puis également l’école de football où on a accentué le travail avec des gens responsables et compétents. J’espère que cela portera ses fruits assez rapidement. L’école de football concerne les plus jeunes. Cela commence à 7-8 ans jusqu’à 13-14 ans. C’est également pour sensibiliser les éducateurs sur le travail, sur les acquisitions techniques et motrices. C’est important de le faire assez tôt pour travailler un autre domaine quand ils sont plus âgés.

(…) Au niveau de la préformation, le travail se fait bien. Il est très intéressant également. La CFA va un peu mieux. Après des matches amicaux encourageants, il y a eu un gros trou dans les résultats. Parfois il n’y avait pas la manière et c’était plus inquiétant. Et puis au fil de la saison, on a réussi à donner un peu plus de consistance à ce qu’on faisait, dans le jeu notamment. On se créait plus d’occasions. On ne concrétisait pas suffisamment. C’était bien regrettable, on commettait beaucoup d’erreurs défensives, des erreurs fatales. Depuis quelques temps, cela va un peu mieux. Il y a eu une prise de conscience qui durera, je l’espère, car c’est toujours fragile. Mais sur les dernières prestations, c’était encourageant, il y avait un état d’esprit retrouvé. J’espère qu’on va pouvoir repartir sur de bonnes bases pour la reprise en janvier.

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(…) L’idée en elle-même n’est pas la recherche d’être premier. Quand on travaille à la formation, on travaille dans le temps. On essaie de former les joueurs le plus vite possible. Bien évidemment, c’est flatteur d’être bien classé mais souvent dans ces équipes, on joue avec des âges décalés, c’est-à-dire que des 15 ans jouent en 16 ans, des 16 ans en 17 ans etc… Ce ne sont pas nécessairement les meilleurs, mais ce sont les joueurs les plus aguerris. Les premières places ne sont pas une recherche fondamentale. On travaille en essayant de former du mieux possible tous les joueurs. Je ne sais pas si on y arrive, mais on se donne les moyens par l’assiduité dans le travail, le choix des exercices, un investissement total. Nous avons des joueurs intéressants. Maintenant, il faut être le plus performant possible pour les amener au plus haut niveau, c’est-à-dire en équipe première. Qu’ils jouent un jour dans ce beau stade du Matmut Atlantique.

(…) En CFA, en face de nous, nos adversaires sont des adultes. Ces équipes sont constituées de joueurs qui, pour beaucoup, ont déjà bénéficié d’une formation en centre. Ce sont des équipes plus que compétitives. Le niveau du groupe dans lequel on est, est un très bon niveau. Il y a des équipes de très bonne qualité comme Trélissac qui a éliminé Clermont en Coupe de France début décembre. On a été confronté à ce niveau élevé de la CFA et puis on s’est procuré de nombreuses occasions durant certains matches sans les convertir. Nos joueurs ont 17-18 ans, c’est assez jeune. Ils manquent de vice et d’expérience mais ils sont là pour l’acquérir le plus vite possible afin de progresser.

(…) Je ne sais pas si Crivelli, Guilbert ou Ounas impressionnent, mais en tout cas ils répondent à l’attente. C’est la moindre des choses, on leur fait confiance. Cela montre que les choix qu’on a pu faire auparavant étaient bons. Quand on parle de réussite d’un joueur, elle se fait avec le joueur lui-même, il faut qu’il ait conscience de ses qualités mais également des efforts qu’il a à faire, du travail à accomplir. Le travail, il ne se fait pas seulement sur le terrain d’entraînement, c’est en amont, lorsqu’on n’a pas entraînement : bien savoir ce que l’on fait de son temps libre, comment on occupe ses loisirs, comment on regarde un match, comment on participe à un entraînement, son investissement. C’est bien d’avoir de jeunes joueurs qui se révèlent et beaucoup d’entre eux ont du caractère et cela c’est très important, c’est quelque chose de fondamental d’avoir du caractère et de la détermination. On nous parle souvent des qualités techniques, athlétiques, physiques ou de l’intelligence de jeu mais une qualité essentielle c’est le mental. Le mental permet de gravir les échelons et de s’imposer. Le staff pro gère son équipe mais regarde toujours ce qui se fait en dessous. La première équipe c’est donc la CFA mais il regarde aussi les autres. Les matches que nous jouons avec la CFA sont filmés et je sais que le lundi matin, le staff pro les regarde en tenant compte bien évidemment de tous les éléments, du terrain, de l’adversaire aussi. Le staff regarde les attitudes, les signaux que peuvent nous envoyer certains joueurs. Le staff se fait également une idée sur les entraînements qu’ils peuvent voir. De temps en temps il y a des oppositions entre les pros et la CFA, c’est également une occasion pour le staff de voir de plus près les jeunes de l’équipe réserve. Ensuite quand l’entraîneur et ses adjoints ont besoin de joueurs, ils demandent et on leur propose certains noms. Et ils nous font des retours sur l’attitude, le comportement de certains joueurs, les manques ou les qualités etc… On a la chance d’avoir des pros qui font confiance aux jeunes et leur donnent une chance. C’est quelque chose de formidable. »