Riolo : « Si je suis supporter bordelais, je tombe en dépression ! »

Tant sur son blog que sur l’antenne d’RMC, le journaliste/consultant Daniel Riolo n’a pas été tendre, encore plus que d’habitude, avec les Girondins de Bordeaux. Nous vous laissons lire la totalité de son discours et vous faire votre avis sur le degré de vérité de son analyse, peut-être abusive sur certains points, mais dont il devient quasiment impossible de nier le bien-fondé dans l’ensemble vu la crise actuelle.

« Bon, gardons une forme de mesure car en matière de gestion moisie, personne ne peut égaler Bordeaux. Si on met tout en proportion : budget, infrastructures… Le pire de notre L1, c’est Bordeaux. Mais j’ai bien trop parlé de ce club. Ça fait des mois que je souligne la nullité de ses dirigeants. Je préfère parler de Caen, deuxième du championnat et à qui je souhaite de plus en plus de terminer sur le podium. D’abord parce que ça récompenserait le travail de Garande, et ensuite pour que ça mette nos soi-disant « gros » le nez dans la merde. Caen joue avec une idée claire, un plan de jeu. C’est du contre, mais pas en mode « petit », on récupère et on sort à deux. Non. Caen verticalise vite mais ça sort en groupe. Le porteur a plusieurs solutions. Ça demande une grosse générosité, de l’effort. Rien de dingue, sauf en L1. Et s’il faut un symbole, c’est Delort. Il termine cramé, mais certainement heureux. Cette équipe de Caen là dégage une vraie sensation de plaisir. Et pendant que les « pieds nickelés » Tavernost, Triaud et Sagnol chercheront peut-être à expliquer que jouer deux fois dans la semaine, c’est compliqué, Saint-Étienne, lui, montre que c’est bel et bien possible.

(…) Ça fait pas mal de temps qu’on en parle de Bordeaux. Ce que je dis sur ce club qui va mal n’est pas toujours très bien accepté à Bordeaux, mais petit à petit j’ai l’impression que les supporters commencent à s’en rendre compte. En vouloir à Sagnol, ok, le coach c’est généralement le fusible idéal, ce qu’on voit en premier, la solution de changement la plus immédiate. Mais à Bordeaux, le problème est beaucoup plus profond, il est au niveau de l’actionnaire, M6. Les interviews de De Tavernost, on a juste envie de s’arracher les cheveux quand on les lit. Moi, si je suis supporter bordelais, je tombe en dépression ! Il y a aussi Triaud, dont tous les choix d’organisation du club, de qui travaille à la formation, de quels joueurs sont gardés et pas gardés, de qui est vendu. Enfin, la cellule de recrutement pose un souci

Quand Sagnol arrive, avec des promesses, on se dit qu’il va amener ce qu’il a vécu au Bayern Munich, l’ambiance et toute la culture d’un très grand club, en essayant de reproduire certaines méthodes, notamment en prenant Patrick Guillou comme adjoint. Un homme qu’on connait bien, qui connait parfaitement l’Allemagne lui aussi. On se dit, au début, que tous ces gars sont tellement dans la méthodologie de l’exigence du haut niveau… Mais ça ne marche pas. Alors je ne vais même pas m’attarder sur les compétences de Sagnol en tant que technicien, car je ne les connais pas vraiment encore. De toute façon, tout seul, il ne peut pas s’en sortir. Le club est tellement pourri de l’intérieur. Le cadre qu’il a, l’effectif surtout, la façon dont les joueurs viennent et partent, quels sont les agents qui bossent pour le club, qui travaille au centre de formation et qui est le patron en haut, tout est en vrac ! Je pense aujourd’hui que, si tu prends les proportions entre le budget, les infrastructures, le stade, tous les éléments qui composent un club, Bordeaux est le pire club de Ligue 1 en ce moment. C’est très profond la crise à Bordeaux et ce n’est pas quelques résultats comme ça qui vont nettoyer la façade, moi je le dis depuis très longtemps.

(…) Si demain tu changes uniquement Sagnol et que tu mets quelqu’un d’autre sur le banc – déjà, qui ? -, je peux t’assurer que ça ne changera rien du tout. Un mec comme Girard qui arriverait, il va axer tout le jeu sur la défense, reprendre les bases et les résultats vont un peu s’améliorer, car on est en Ligue 1. Mais il n’y aura, sur le fond, aucun vrai changement. C’est le club dans son entier qu’il faut revoir, dans sa structure et sa façon de fonctionner. Vous savez, Bordeaux c’est un club que j’aime beaucoup parce qu’il y a un potentiel énorme qui est foutu à la poubelle. Dans cette ambiance générale où tout est mal fait, les joueurs veulent vite partir. Sané y pense depuis longtemps  alors que c’est soi-disant le capitaine courage de l’équipe, le gars du cru, et c’est la même chose pour beaucoup d’autres joueurs. Khazri on n’en parle même pas, tellement il n’en a rien à cirer de rester dans ce foutoir et qu’il ne pense qu’à se barrer ailleurs dès que possible. »