Bordeaux – Marseille : l’heure de vérité

L’été dernier, quand le calendrier de la saison 2016/17 a été publié, on se doutait bien que le FCGB/OM de la 37ème journée serait important. Restait juste à savoir à quel point, car les deux équipes sortaient d’un exercice calamiteux, Marseille encore plus que Bordeaux. Un an après, de deux manières différentes, chacun dans leur style, ces deux grands clubs vont beaucoup mieux et postulent à la même chose : l’Europe, via la 5ème place du championnat.

C’était pourtant loin, très loin d’être gagné, du début de saison jusqu’à l’automne, à la fois pour les Bordelais et pour les Marseillais. Les premiers, dont on attendait que la patte Gourvennec prenne et fasse progresser l’équipe, semblaient trop tendres et irréguliers, avec une direction usée… et rajeunie depuis (après le début de l’embellie) ; tandis que les seconds n’avaient tout simplement pas la même équipe, ni le même entraîneur, ni la même direction… ni le même actionnaire, car tout est parti de là. Changement mesuré contre grand ménage, deux manières très différentes qu’on vous dit : comme souvent entre Bordeaux et Marseille, clubs et villes ayant peu en commun, si ce n’est grandeur et prestige (et c’est déjà pas mal) !

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Mais ce dimanche 13 mai, bien que les deux formations aient des vraies chances d’être toutes deux européennes la saison prochaine (un succès de Paris en finale de la Coupe de France, contre Angers, rendrait la 6ème place qualificative), il ne pourra, fatalement, y avoir qu’un seul vainqueur. Et ce vainqueur (s’il y en a un…), sans doute 5ème en fin de compte, pourra davantage savourer sa saison. Car terminer dans le fameux « top 5 », le premier quart d’un championnat à 20, et se qualifier ainsi pour l’Europe n’a pas le même retentissement qu’un accessit via une 6ème place quelque peu bâtarde, rendue européenne car le PSG fait (encore) la razzia au niveau des coupes nationales.

Pourtant, entre ces deux destinées (dont la seconde dépend du Paris Saint-Germain et tombera à l’eau si le SCO crée la sensation), cela se jouera certainement à très peu de choses, à l’image du tout petit point qui sépare actuellement Phocéens (5èmes, 58 points, 55 buts pour, 41 contre) et Marine et Blanc (6èmes, 57 points, 51 buts pour, 40 contre). Pour autant, est-ce que la saison, côté girondin en particulier, devra se résumer à cela ? Bien sûr que non au vu de tout ce qui a été construit, par rapport aux ruines d’il y a un an : un meilleur effectif, plus technique, équilibré, avec des jeunes prometteurs ; mais aussi un meilleur jeu, des résultats plus réguliers et un club allant infiniment mieux en interne et ayant retrouvé, à défaut de le crier sur les toits, des notions d’ambition et même d’anticipation égarées depuis trop longtemps.

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Sauf que, voilà, le résultat contre Marseille et le classement final conditionneront grandement le verdict d’une saison, qui sera « franchement réussie » en cas de succès et de 5ème place, ou bien simplement « encourageante », comme on dit pudiquement, dans le cas contraire, avec une 6ème place au bout (considérons que Saint-Étienne restera 7ème, même si ‘mathématiquement’…). Dans le football comme dans la vie, ce sont les premières et les dernières impressions qui sont souvent les plus marquantes. Encore plus quand un enjeu historique se superpose à un enjeu sportif du moment.

Et l’histoire, aujourd’hui, pour Bordeaux c’est cette barre des 40 ans d’invincibilité à domicile face à son plus grand rival. Ainsi, vu que l’Olympique de Marseille n’a plus gagné à Bordeaux (et surtout à Lescure !), face aux Girondins, depuis la fameuse date du 1er octobre 1977 (2 buts à 1), ce serait évidemment une grande tâche pour l’équipe au scapulaire qui perdra face aux Ciel et Blanc. Et si on relativise, chaque fois, en se disant ‘Ça arrivera bien un jour’, on n’accepte jamais que cela puisse être la fois qui vient. Car pour les supporters de moins de 40 ans, qui ne l’ont donc jamais vécu (et encore moins en en étant conscients), cela serait vécu comme un drame personnel.

Aux Girondins de l’éviter, encore, poussés par un stade (enfin) rempli à ras-bord et des supporters qui ont hâte d’en découdre, au moins autant que les joueurs.

(photo de Une : AFP/ROMAIN PERROCHEAU)