[BILAN] Un mercato à deux vitesses

Comme chaque année, le mercato hivernal a apporté son lot d’espoirs et, parfois, de miracles. Malheureusement, non, la politique du club ne changera pas pour le moment, et, oui, le club a recruté des seconds couteaux. Il faut, de toute manière, être réaliste, les bons coups se font très rarement au mercato de janvier (Debuchy et Hoarau en sont les exemples les plus récents).

Bordeaux s’en tire, cet hiver, avec quelques arrivées, quelques départs et un équilibre qui, au final, correspond à la stratégie sportive actuelle du club : (re)construire une équipe, tout simplement.

Des départs étaient souhaités…

Des départs ont été actés et, clairement, il en est un qui laissera un goût amer dans la bouche de tout supporter girondin qui se respecte : celui de Grégory Sertic. Parti chez l’ennemi marseillais après une dernière semaine agitée en Gironde, le joueur formé au club a vu sa cote de popularité en prendre un coup et devra s’attendre à un retour compliqué pour la 37ème journée de Ligue 1, au stade René Gallice. Jocelyn Gourvennec en avait fait son vice-capitaine et souhaitait le garder, les supporters girondins en avaient fait un interlocuteur parfois privilégié. Il n’en restera qu’un tas de cendres après neuf années passées, rien qu’en pro, sous le maillot scapulaire.

Deux départs en prêt ont aussi été officialisés : Isaac Kiese Thelin à Anderlecht, où le Suédois tentera de trouver le temps de jeu et l’efficacité offensive qu’il n’avait pas à Bordeaux ; et Pablo, le défenseur central brésilien arrivé sous l’ère Sagnol qui repart pour un an au Brésil, au Corinthians, pour lui aussi retrouver le goût du terrain.

D’autres ne se sont pas faits…

S’il est une petite déception côté Gourvennec, ce sera certainement celle de la gestion du dossier ‘Contento’. Les deux parties désiraient une séparation cet hiver mais, faute de mieux, l’ancien latéral du Bayern Munich sera encore girondin pour six mois, au moins. Diego Contento, tout comme Younès Kaabouni (pointé du doigt comme étant en dessous des pré-requis pour jouer en équipe première), devront donc jongler entre le banc et la CFA2. Une situation qui ne plaira ni à l’un ni à l’autre sur le long terme, des départs seront certainement à envisager cet été.

Autre point d’interrogation : Mauro Arambarri. Son cas est peut-être le plus incertain tant il est difficile de cerner l’importance du joueur auprès du coach. Piqué au vif par JG, au même titre que Kaabouni et Abdou Traoré, dont on sait qu’il quitte le club en juin car il sera en fin de contrat et ne sera pas prolongé, l’Uruguayen était annoncé en partance via un prêt en Ligue 1. Sa situation a pourtant évolué dans les derniers jours, et le départ de Sertic, même si remplacé numériquement par Younousse Sankharé, devrait bien lui permettre d’avoir un temps de jeu plus important. Sa prestation contre Dijon lors du dernier match irait ainsi dans ce sens-là.

Des arrivées par défaut ?

Jocelyn Gourvennec s’était engagé à renforcer son effectif et c’est ce qu’il a essayé de faire. « Essayer » est bien le mot car les recrutements effectués par les Girondins lors de ce mercato sont loin d’être des valeurs sûres de Ligue 1.Le cas du jeune Daniel Mancini, arrivé dans le cadre du Proyecto Crecer, n’est pas à discuter, car il intégrera la CFA2 et devra s’adapter au contexte français avant d’espérer du temps de jeu en équipe première. Mais deux autres arrivées, pour l’équipe une, laissent circonspects : celles de Younousse Sankharé et de Vukasin Jovanovic.

Le premier est un nom connu de la Ligue 1 et du coach bordelais puisqu’il l’a encadré lors de sa période guingampaise. Mais, grosse ombre au tableau : ses performances si décriées depuis sa signature à Lille. Le seul espoir restant est la parfaite connaissance de Gourvennec concernant ce milieu, recruté pour 3M€, afin d’en tirer le meilleur, comme il le faisait en Bretagne. Le second, quant à lui, reste une énigme. Un défenseur central était nécessaire pour pallier au départ de Sertic, qui officiait à ce poste au besoin. Mais quel est l’intérêt de recruter un jeune joueur n’ayant joué qu’avec la réserve du Zenith Saint-Pétersbourg, pour cinq mois, sans option d’achat ? L’avenir nous le dira, mais le temps d’adaptation à la Ligue 1 est tel que ce choix laisse perplexe. Les joueurs étrangers brillent rarement lors des premières semaines en France (Rolan, Arambarri, voire Malcom en sont les exemples bordelais récents).

Vous l’aurez donc compris, Bordeaux tente des coups. Reste à savoir si ce seront les bons. Le vrai problème apparaît lorsqu’on analyse le cheminement des recrutements girondins, car Sankharé et Jovanovic ne semblaient clairement pas faire partie des premiers plans. Ont-ils été choisis par défaut ? Une chose est certaine, la piste du défenseur serbe s’est confirmée après maintes directions infructueuses, principalement celle vers Fabian Schär (Hoffenheim) ; tout comme celle de l’ex lillois aurait été concrétisée après les échecs sur les dossiers Lukas Lerager (Zulte-Waregem), Moustapha Diallo (Guingamp) ou encore (surtout ?) Jonas Martin (Betis Seville).

Visiblement, le temps n’a pas joué en faveur du club au scapulaire. Après trois semaines très calmes, les différents échecs subis ont poussé le staff et les dirigeants à agir à la hâte, lors des dernières 72 heures. Peut-être est-ce voulu et assumé mais cela pourrait clairement être interprété comme un aveu de faiblesse de la part d’un club qui souhaite se renforcer mais qui ne se donne pas vraiment les moyens de le faire…

Par Romain.

Crédit photo 1 : @raph_perry.
Crédit photo 2 : om.net.
Crédit photo 3 : lequipe.fr.