Sessi D’Almeida : « J’en veux beaucoup à Bordeaux »

Précedemment, nous rencontrions Sessi D’Almeida au domaine du Haillan, dans les couloirs du centre de formation des Girondins de Bordeaux, pour une interview pleine de fraicheur. Le jeune milieu défensif, alors récent vainqueur de la Coupe Gambardella avec la bande des Jérôme Prior, Théo Pellenard, Younès Kaabouni (son ami d’enfance et de formation), Gaëtan Laborde, Valentin Vada et Hadi Sacko – aujourd’hui passés professionnels, ou en passe de le devenir pour Prior -, nous confiait sa faim de jeu, ses envies de grandir et ses ambitions de s’imposer en CFA, de progresser dans le jeu et de passer pro avec les Marine et Blanc.

Près de 24 mois plus tard, seul le dernier point, le plus important, n’est pas rempli. Même si sa saison 2014/15 a été perturbée par des blessures et que ses performances avec la réserve ont parfois été irrégulières, le N°6 au petit gabarit mais au profil très tonique, qui impressionnait souvent les observateurs du stade Galin par son gros caractère et sa personnalité débridée, mais surtout son activité et son agressivité, n’avait pas vraiment le profil d’un recalé.

On m’a lancé dans le grand bain de la L1, puis remis en CFA, puis sur le banc des pros, et encore en CFA. C’était dur, expliquait ainsi Sessi dans Girondins Analyse. Quand on a sa chance, il faut savoir la saisir. Les 6 premiers mois de l’année, j’ai plus été avec les professionnels à l’entraînement et j’y suis retourné en janvier du fait des absences pendant la CAN. Je suis monté de catégorie très régulièrement. Techniquement, je pense que j’ai évolué par rapport à l’an passé où je perdais beaucoup de ballons. Je travaille tous les jours pour bien progresser. Je me suis calmé au niveau de mon comportement. Je prenais énormément de cartons rouges avant. Je prends vraiment bien moins de cartons maintenant, j’ai canalisé mon jeu.

Visiblement, pour celui qui a même porté le brassard de capitaine il y a peu et qui a bien terminé la saison sur le plan individuel, enchainant les gros matches, Mais cela n’a pas été suffisant pour convaincre le staff pro d’appuyer sa candidature à un premier contrat pro, ni même de demander à ce qu’il reste un an de plus en CFA. On se souvient que cette option avait été salutaire pour Thomas Touré, Cédric Yambéré ou même Yoann Barbet, et sachant que D’Almeida n’a pas encore 20 ans on se demande pourquoi elle n’a, semble-t-il, même pas été évoquée.

On m’a donné très peu d’explications, raconte le principal concerné. J’en veux beaucoup à Bordeaux car je suis jeune, que ma carrière se préparait ici, avec déjà pas mal de matches derrière moi. Je vais mettre du temps à digérer ça. Toute l’année, on m’a fait confiance. J’ai été plusieurs fois sur le banc des pros, j’ai même joué des matches (2 entrées contre Nice en L1 et 37 minutes de jeu au total NDLR), et à la fin… « au revoir ». Mais c’est ça le foot, ça m’apprendra, c’est aussi une leçon. Je suis très, très déçu.

Très peu d’explications donc, selon le joueur tout récemment convoqué en équipe nationale du Bénin, mais surtout aucun contact avec Willy Sagnol et ses adjoints…

C’est le coach Battiston qui est venu me voir. Il m’a expliqué que j’étais libre, qu’il y avait du monde devant moi. Je ne me doutais pas du tout que ça finirait comme ça, mais quand c’est Battiston qui te convoque et pas Sagnol ou Matrisciano qui viennent te parler, ça veut tout dire… Aujourd’hui, j’en veux au staff. Je n’ai eu aucune explication. J’aurais aimé savoir, entendre les choses de leur bouche, que ça allait être dur pour moi. Mais en ayant été sur le banc, en ayant fait 2-3 matches, je ne comprends pas… Après, le foot ne s’arrête pas à Bordeaux, ce n’est pas fini pour ma carrière. A moi d’aller gratter du temps de jeu ailleurs pour rebondir.

Concernant, justement, son avenir, qui s’écrira donc malheureusement ailleurs qu’à Bordeaux, Sessi D’Almeida affiche une certaine confiance, et remercie son entraineur… de CFA, qui reste bien là à son écoute pour le conseiller malgré tout.

Depuis un mois que je sais que je ne reste pas, j’ai, paradoxalement, eu des rapports encore meilleurs avec Patrick Battison, mon coach en CFA. Il m’accompagne vachement et je lui demande des conseils sur mes projets pour la suite. Il me parle quand ça va moins bien, il est très attentif à moi. En haut, par contre, rien. (…) Aujourd’hui, le foot ce n’est pas que la qualité individuelle, il y a aussi l’extérieur : l’entourage – celui qui a un bon agent – ou la chance d’avoir un blessé à son poste aussi, pour pouvoir jouer… J’ai 2-3 clubs qui sont très intéressés par mon profil, plus en Ligue 2 ou à l’étranger. Je dois même avoir des discussions, soit cette semaine soit la semaine prochaine, avec des dirigeants pour voir ce qu’on attend de moi. Mon objectif, c’est de jouer dans une équipe première, j’ai besoin de ça. J’espère que ça ira, ça devrait aller même. Je n’ai pas de soucis à me faire je pense.

Logiquement amer, mais pas ingrat, Sessi, né à Bordeaux et qui aurait sans doute aimé y rester encore un peu, sait quand même ce qu’il doit aux Girondins.

Le positif que je retiens de ma formation à Bordeaux, c’est la Gambardella 2013 gagnée, le match d’Europa League débuté à Tel-Aviv (déjà éliminé avant la dernière journée des poules, le Bordeaux de Francis Gillot alignait une équipe B et D’Almeida avait donc été titulaire NDLR), pas mal de choses au final… Mes coaches en jeunes aussi. Après, je ne sais pas, c’est dur de bien parler. Les résultats moyens de la CFA cette saison ne m’ont pas pénalisé, c’est individuel. Quand je montais en pro, à l’entraînement, c’était juste moi, pas les autres. Donc c’est un problème personnel je pense. Mais je ne sais pas, car, encore une fois, je n’ai pas eu d’explications…

Merci à Sessi D’Almeida pour sa grande disponibilité et sa franchise lors de cette interview. Nous lui souhaitons évidemment bonne chance pour la suite de sa carrière, que nous suivrons bien sûr avec attention et dont nous espérons qu’elle sera la meilleure possible. En espérant – pourquoi pas ? – le revoir à Bordeaux, comme adversaire ou comme joueur du FCGB. Qui sait ? 😉